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Synthèse des différents ateliers et interventions

J.Marc Broner

Directeur Ffessm, Bees3/Instructeur National

Emmanuel Gérard, Président nouvellement élu de la Commission Juridique Nationale de la Ffessm, magistrat, affirmait que, devant les tribunaux, c’était à l’accusé de parler en dernier, c’est mon cas aujourd’hui devant cette assemblée ; j’en suis flatté et fier.

Exercice difficile de synthèse comme reconstruction, toujours personnelle, jamais le résumé de ce qui a été dit : ce qui va être dit là est l’interprétation personnelle de mon vécu, référé aux messages qui ont été portés par les différentes voix de nos intervenants.

La cause est difficile, nous l’avons entendu : « même les militaires n’ont pas réussi »â€¦ D’abord un sentiment de frustration : Le risque est à appréhender comme approche systémique, comme système complexe et comme interdépendance des éléments : nous en avons été les témoins et les acteurs ce matin. Pourtant, l’irrésistible tentation d’analyser, de couper en éléments simples pour reconstruire après, a conduit inexorablement au réalisme des groupes de travail de l’après midi…

Nous aurions pu commencer cette journée par l’intervention de Philippe Schneider et son énoncé à la Prévert en forme de bêtisier tant elle résume bien le contexte de cette problématique : triste constat de la survenue des accidents, synchronisme ou coïncidence des évènements qui, à un moment donné, se conjuguent pour transformer un risque en réalité dramatique…

La plongée est une pratique sociale et la relation enseignant / enseigné n’est jamais déconnectée du reste de son environnement (clientèle, rapidité, concurrence, zapping des activités…), en interaction toujours avec cette relation. Ce qui nous motive, toujours, c’est le souci de la Sécurité des consommateurs et donc de nos plongeurs.

Le risque 0 n’existe pas, cela a été maintes fois répété. La question est de tenter de savoir ou connaître les seuils acceptables : quelle place pour le curseur entre acceptation de ce risque et sa gestion ? Comment juger du seuil de l’inaceptablité ?

Malgré tout, et au regard de tout ce qui a été dit pendant cette journée, en étant optimiste :

- tout se passe globalement dans de bonnes conditions : « 1 an d’Accidents de plongée correspond à 1 semaine de montagne »â€¦, « chiffres au moins en stabilit頻…. Même si cette correspondance semble singulière bien que probante, quel espace pour accepter cette dimension fatale liée à la jouissance d’une Activité Physique et Sportive au mythique risque 0 et à la réputation de dangereuse ?

- Nous avons également abordé le risque par le concept théorique. Mais notre formation pratique est aussi d’ordre compagnonnique et nous pouvons faire confiance à nos cadres pour que, à partir d’une situation d’enseignement rencontrée, ils soient capables de généraliser à l’ensemble des autres situations pour préparer au réel : ils le montrent au quotidien. Les règles existent, la formation est jugée performante, les structures aussi (on a parlé d’absence de faute dans l’organisation, dans le respect des procédures …) et pourtant… l’accident est là… Que sait-on de ces accidents, non pas sur les conséquences médicales mais sur leur venue ?

On peut alors raisonnablement se poser la question suivante : si tout est parfait, pourquoi des fautes humaines, pourquoi des dysfonctionnements dans la gestion du matériel, pourquoi des accidents ?

Nous savons que nous évoluons dans un milieu par essence aléatoire : que faut-il alors mettre en Å“uvre pour former nos gens à la gestion de cet aléatoire ?

Le pari, c’est d’être capable de s’adapter ou plutôt capable de gérer une opération mentale particulière : le transfert.

Le transfert est ce qui se transporte d’une situation d’apprentissage à une situation réelle. Mais le transfert, c’est aussi, voire surtout, une opération de transformation de ce qui a été enseigné pour s’adapter à une situation non reconnue et non prévue : là est peut-être la clef de notre formation : comme permettre à nos élèves et responsables d’être capables de gérer une situation pour laquelle ils n’ont pas été formés.

Ainsi, peut-on raisonnablement se poser la question de savoir de quelle formation le moniteur a-t-il besoin pour qu’il enseigne la gestion de l’imprévu à ses élèves ?

Comment passer d’une vision techniciste et procédurale à une vision psychologique, d’une culture de procédures apprises à une culture de la gestion des processus d’apparition des phénomènes ?

Attention : la difficulté, c’est de positionner le curseur habilement entre une culture de sécurité et une culture de promotion de nos activités ou plutôt de lier sans nier « sécurité » et « plaisir ».

Le concept d’Environnement Spécifique, s’il s’apparente souvent à la dangerosité éventuelle de l’activité, l’est aussi aux spécificités qui naissent de l’activité, par exemple dans l’organisation des secours.

Cette conception créé ainsi la nécessité de faire le choix :

-  soit le plongeur s’intègre dans un milieu tel qu’il est, avec ses aléas (comme en spéléo) il s’agit donc de gérer le risque, l’imprévu

-  soit on change le milieu en l’aménageant (siège des situations dites « Ã©purées » dans le champ des sciences de l’éducation) et c’est là une toute autre approche de notre activité et de son enseignement au sein de laquelle le risque n’est pas géré par le plongeur mais par celui qui organise l’activité (pas de risques environnementaux, pas de risques techniques) Conception insipide de la pénétration du milieu qui, de fait, n’est plus le milieu : évoluer dans un milieu qui se nie lui-même par cette possible évolution.

Nous avons également fait référence à la démarche Qualité, à la conformité par rapport à des exigences. Royaume du champ des procédures de lecture de ce qui existe, démarche issue de l’entreprise… De l’autre côté de la barre : les APS, la plongée , les activités de loisir sportif, du ludique, du plaisir, du fun… à tous les niveaux. La difficulté est de faire digérer une culture d’élaboration de procédures dans un milieu de plaisir et de liberté. Antagonisme apparent ou potentiellement paradoxal sauf à ce qu’il soit accepté et intégré à la logique interne de nos activités… et là, c’est là que tout se joue et que réside la difficulté majeure ; pas facile…., tout reste à faire à ce niveau…

Une norme née d’une démarche Qualité ne doit pas être un frein à la liberté pédagogique tant souhaitée par nos écoles de formation et de certification et par nos diplômés tant fédéraux que d’Etat. (Ex. Il existe une norme Afnor sur la formation ; elle ne parle jamais de la relation formation/formé (processus), mais de la taille, du nombre, du temps, de l’espace… de toutes les procédures sans jamais tenter de normaliser le processus né de la relation pédagogique, par essence non normalisable...

Alors, à l’issue de cette journée ont émergé des questions fondamentales et princeps : Pourquoi ? Comment ? Limiter et prévenir ? S’il ait un sens de la justification de cette journée, il est, à mon avis, en forme de questionnement : comment expliquer ce qui fait la survenue d’accidents et surtout, SURTOUT, comment permettre à tous les plongeurs, moniteurs et responsables de s’approprier d’une manière DIGESTIVE cette conscience du risque et des réponses susceptibles de les prévenir ; il y va là d’un véritable processus de changement et de remise en cause individuel et collectif ; là est sans doute l’enjeu, le pari et la difficulté majeure de notre entreprise.

La fédération a soutenu dès le départ ce pan entier d’un travail universitaire tant il pouvait se fondre dans une problématique pratique concernant nos publics ; sans jamais l’avoir regretté, nous en sommes aujourd’hui satisfaits car il ouvre grandes de nombreuses perspectives… Si les mots « Information », « formation », « partage » sont sans doute ceux qui auront été les plus présents, ils inscrivent de fait cette journée dans la dynamique d’un deuxième colloque. J’en remercie là tous ceux qui y ont également cru et qui ont contribué à cette réussite.

 
 

Dernière mise à jour : 26 mai 2010

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